viernes, 16 de marzo de 2012

Gustave Courbet / Arthur Rimbaud




     Es un hoyo de verdor donde un río canta
    Prendiendo alocado de las yerbas jirones
    De plata; donde el sol de la altiva montaña
    Luce; Es un pequeño valle espumeante de fulgor

    Un soldado joven, boca abierta, la cabeza desnuda
    Y la nuca bañada en el fresco berro azul
    Duerme; tendido en la yerba, bajo el cielo,
    Pálido en su verde lecho donde llueve la luz.

    Los pies en los gladiolos, duerme. Sonriendo como
    Sonreiría un niño enfermo, echa un sueño:
    Naturaleza, mécelo con tu calor: tiene frío.

    Ya los perfumes no estremecen su nariz;
    Duerme en el sol, la mano sobre el pecho
    Tranquilo. Tiene dos agujeros rojos en el costado derecho.




LE DORMEUR DU VAL

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.


Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.


Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.


Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

2 comentarios:

  1. Quand on connait assez d'espagnol pour en goûter la lecture, c'est une expérience saisissante de lire ainsi en Castillan ce texte que quasiment tout Français connait à peu près par coeur.
    On croirait entendre une même mélodie jouée sur deux instruments aussi différents que la guitare et le piano, avec de surcroît un léger décalage correspondant au temps dont le cerveau a besoin pour se souvenir du texte français tout en lisant l'espagnol.
    Merci pour cette excitation esthétique unique.

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  2. Merci beaucoup à vous. J'aime beaucoup lire que vous entendez la même mélodie avec un autre instrument. J'ai eu quelque chose à voir avec cette traduction. On l'a fait il y a quelques années dans un atelier de Traduction a L 'Institut Français de Madrid. Traduire de la poésie, ce n'est pas facile. On perd la rime, on perd le rythme, on perd parfois les images car derrière chaque mot il y a tout un monde. On est tenté de réécrire, mais on doit rester fidèle au texte et à l'auteur...On sent une certaine frustration parce que le texte est toujours beaucoup plus beau dans sa langue originale.

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